Rues, monuments, places : de nombreuses traces de 14-18 marquent encore aujourd'hui le quotidien des Liégeois, qui ignorent parfois le lien avec la 1ère Guerre mondiale. En voici une petite sélection pour (re)découvrir notre patrimoine et notre histoire
Les Liégeois connaissent tous cette place, où se situent entre autres l'Université ainsi que le Théâtre de Liège, fraichement rénové dans l'ancien bâtiment dit "de l'Émulation".
Pourtant, savent-ils que la place, auparavant "de l'Université", tire son nom des événements tragiques du 20 août 1914, lorsque des soldats allemands incendièrent plusieurs bâtiments, donc celui de l'Émulation, et tuèrent 17 civils au hasard ?
Une journée de commémoration de ces événements est programmée le 20 août 2014.
En 1918, l'ancienne "Place du Théâtre" fut rebaptisée "Place de la République française" en l'honneur de nos alliés français qui, dès le 7 août 1914, attribuèrent la Légion d'honneur à la Cité ardente en raison de sa résistance héroïque lors de l'invasion allemande.
Aujourd'hui, s'y trouvent notamment la Province de Liège et l'Université de Liège.
Le 4 août 1914, un groupe de lanciers est envoyé en reconnaissance vers la route qui traverse le pays de Herve. A Thimister, au lieu-dit La Croix Polinard, ils aperçoivent des hussards allemands. Echange de coups de feu et un lancier belge est tué, il s'agit d'Antoine Fonck qui entre dans l'histoire en devenant le premier militaire belge tombé au champ d'honneur de la Première Guerre mondiale.
Antoine Fonck est né à Verviers le 10 janvier 1893. Sorti de l'école, il devient magasinier au Grand Bazar de Liège. En 1911, il s'engage comme volontaire au 2ème Régiment de Lanciers installé à la Caserne Ecoliers (qui plus tard portera son nom) du Boulevard de la Constitution à Liège
Il sera enterré le 6 août 1914. Le 23 août 1914, un monument (dû à Marcel Rau) est érigé en bordure de la Chaussée Charlemagne à l'endroit où est tombé le cavalier Fonck. Il y est représenté la main droite en visière, scrutant l'horizon d'où venait le danger. Il porte la tenue de campagne des lanciers : schapska à plateau sans ornement et veste bleu-gris.
Aujourd'hui, l'Institut Saint-Luc et une salle de spectacles occupent l'ancienne caserne Fonck en Outremeuse.
Dans la nuit du 3 au 4 janvier 1917, 103 candidats civils au passage vers les Pays-Bas et 4 membres d'équipage s'étaient embarqués à bord du bateau remorqueur "Atlas V". Le trajet ne dura qu'une heure mais marqua les imaginations. Ce fut "l'Odyssée de l'Atlas V", la réussite d'une évasion collective, au nez et à la barbe des Allemands.
En hommage, un pont a été édifié en 1930 à Coronmeuse. Détruit en 1940, il a été reconstruit en 1947 et baptisé « pont de l'Atlas V » avec une plaque relatant ce véritable exploit de la 1ère Guerre mondiale.
Le 25 septembre 1964, le Roi Baudouin et la reine Fabiola inauguraient, dans le cadre du 50ème anniversaire de la Bataille de Liège, la statue de bronze du Roi Chevalier, réalisée par le sculpteur Charles Leplae.
Le monument est situé en bord de Meuse, en contrebas du pont Albert Ier reliant le boulevard d'Avroy vers les quartiers de la Boverie et du Longdoz.
Au cœur du quartier d'Outre-Meuse, la place de l'Yser porte toute une histoire. Mais ce nom n'a été attribué qu'après la Première Guerre mondiale. En effet, elle s'appelait la place de Bavière, en l'honneur du Prince-Evêque Ernest de Bavière qui au Moyen Âge transforma sa maison de campagne, qui y était implantée, en hôpital.
On rebaptisa cet espace en place de l'Yser en hommage à la dernière portion du territoire belge à résister à l'envahisseur pendant 4 ans.
Chaque jour des milliers de véhicules empruntent le boulevard dit « de l'automobile » (en raison de la présence de nombreux concessionnaires).
En fait, il s'agit du Boulevard Raymond Poincaré, nom du Président français qui œuvra à la victoire des alliés et qui décerna la Légion d'honneur à la Ville de Liège. La Ville de Liège attribue ce nom à cet axe en 1932.
Henri Herd est né à Liège en 1884. Il n'est qu'un humble gamin d'Outre-Meuse mais dont la destinée sera hors du commun. Cette force de la nature est influencé par les athlètes de l'époque est plus particulièrement les lutteurs. Parmi les colosses de lutte gréco-romaine, il est impressionné par un Belge, Constant Lauvaux, qui porte le nom de Constant-le-Boucher.
Henri Herd, dès l'adolescence, décide de s'entraîner et au début des années 1900, il commence à remporter des tournois. Il prend le pseudonyme de Constant-Le-Marin car il veut parcourir le monde, aller au-delà des mers. Il remporta plusieurs titres dont celui de Champion de Monde de lutte en 1913.
Pendant la guerre, il fit partie du corps belge des autos canons qui fut envoyé sur le front russe (pays allié durant le conflit) entre 1915 et 1917. Dans cette brigade, on retrouve le poète liégeois Marcel Thiry (et son frère Oscar) ainsi que Julien Lahaut (président du parti communiste belge assassiné en 1950). Ce régiment est pris dans la tourmente de la révolution russe. Bloqué à Kiev, c'est via Vladivostok, puis la traversée du Pacifique et des Etats-Unis que le corps belge arrive à rejoindre l'Europe.
Sous-officier brave et courageux, Henri Herd fut touché de plusieurs balles, notamment dans la cuisse gauche. Après la guerre, il s'efforce de retrouver sa condition physique et le 21 mars 1921, à Paris, il redevient Champion de Monde de lutte. Pendant de longues années, il va parcourir le monde comme lutteur puis comme organisateur de combats. En 1965, il s'éteint dans sa chère Cité ardente.
Le 14 août 1988, une plaque est apposée à l'entrée de la rue Portes aux Oies (Outre-Meuse) afin de rendre hommage à ce personnage qui fit de sa vie une véritable saga.
Un géant à son effigie a été réalisé en 2014 par la Régie des bâtiments de la Province de Liège. Présenté à l'occasion des commémorations du Centenaire, il sera à l'avenir également présent dans les cortèges folkloriques en Province de Liège.
Située au pied du Mémorial Interalliés de Cointe, à deux pas de la Gare de Liège-Guillemins et du pont de Fragnée, cette place est également bien connue des Liégeois.
"Place de Fragnée" jusqu'en 1918, elle fut ensuite rebaptisée du nom du Général Leman né en Vinâve d'Île à Liège en 1851 et Commandant en Chef de la position fortifiée de Liège en 1914.
Ce large boulevard situé sur les hauteurs de Cointe porte ce nom en mémoire de celui qui fut Bougmestre de Liège de 1900 à 1921 et donc notamment durant l'offensive et l'occupation allemandes de 1914 à 1918.
En remontant l'Avenue Reine Astrid à Spa, un monument a été érigé (par le sculpteur Pierre de Zoete) en 1932 en hommage au Maréchal français, Ferdinand Foch (1851/1929).
Il fut le commandant-en-chef des forces alliées sur le front de l'Ouest pendant la Première Guerre mondiale. Après 14-18, il fréquenta à plusieurs reprise la ville thermale : en 1919 avec les commissions d'Armistice et à l'occasion de la Conférence de Spa en 1920.
À Liège, au centre de la Place Saint-Barthélemy, est érigé un monument d'aspect assez particulier. Nombre de Liégeois ignorent de quoi il s'agit, ce qu'il représente. Il suffit pourtant de s'arrêter un instant, d'en faire le tour et de lire les plaques apposées sur chacun des côtés.
D'abord, la principale : « A Dieudonné Lambrecht, fusillé par les Allemands au fort de la Chartreuse le 18 avril 1916. Il est mort pour la défense de notre patrie. Qu'il vive à jamais dans notre souvenir ! ». Une autre indique les noms de 56 fusillés de la première guerre.
Ce monument en pur style mosan, dont les pierres proviennent des fondations de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert, fut édifié grâce à une souscription publique et inauguré le 14 juillet 1930 afin de perpétuer la mémoire de Dieudonné Lambrecht et des résistants de la Première Guerre.
Dès 1914, Dieudonné Lambrecht organisa un service d'espionnage qui causera un tort énorme à l'armée allemande. En janvier 1915, il transmit des renseignements à un bureau du War Office localisé à Maastricht : trains militaires l'appui logistique pour l'offensive autour de Verdun, nombre de troupes allemandes vers front des Flandres
Il fut arrêté le 4 mars 1916 et exécuté dans les fossés de la Chartreuse le 18 avril 1916.
Walthère Dewé reprit la direction du réseau de renseignements « La Dame Blanche » en 1916 à la suite de l'arrestation du résistant Dieudonné Lambrecht. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il remet sur pied un réseau « Clarence ». Sa femme et ses deux filles en seront membres. En 1944, Walthère Dewé est tué par l'occupant lors d'une action visant à sauver l'un des membres de son réseau de résistance.
Une plaque en sa mémoire se trouve rue de l'Université, à Liège.
Place Théodore Gobert (à proximité du pont d'Amercoeur à Liège), il existe la seule statue d'un général… liégeois… à Liège ! En effet, c'est en 1934 que fut érigé le monument dédié au Lieutenant Général Victor, Lambert, Joseph Bertrand (1857-1931). Lors de la bataille de Liège, il est le commandant de la 11ème brigade belge. Lorsqu'il apprend que les intervalles proches du fort de Barchon ont été forcés, il donne l'ordre de mener une contre-attaque. Il fait aussi partie des officiers qui coordonnent la bataille de la Rabossée. Originaire de ce faubourg, une rue porte son nom dans le quartier de Sainte-Margueritte.
Lorsque la première guerre éclate, Pierre-Louis Merx est âgé de 65 ans. Il décide de s'engager comme volontaire dans l'armée belge car son fils a été fait prisonnier. Sa formule est simple : « Puisque mon fils ne peut combattre, il ne sera pas dit qu'il n'y aura pas un Merx pour le faire ». Sur le front de l'Yser, il se distinguera par son courage. C'est ainsi qu'il recevra de nombreuses décorations.
Après la guerre, il est considéré comme un véritable héros et devint un personnage populaire sous le nom affectueux de « papa Merx ». En 1930, il assiste à l'inauguration de sa rue dans le quartier de Sainte-Walburge. Il décède en 1938, quelques mois après avoir participé à l'inauguration du Mémorial Interallié de Cointe.
Le Président Clémenceau fut Président du Conseil (chef du gouvernement) en France de 1917 à 1920. Surnommé "le tigre", il est considéré comme un des principaux artisans de la victoire française (et alliée) de 1918. Cette rue située le long de l'Opéra fut rebaptisée en l'honneur de Geogres Clémenceau en 1919 et elle abrite aujourd'hui des services de la Province de Liège.